• Mise en oeuvre de ma méthode de lecture

    Après une année de mise en route avec ABRACADALIRE (méthode utilisée par ma collègue précédente) et d’observation des réactions, des difficultés, des réussites des élèves, j’ai décidé de mettre au point une technique qui m’était propre en mixant plusieurs méthodes. J’ai beaucoup lu sur internet, non pas des articles de pédagogues mais plutôt diverses formes de témoignages et surtout des études scientifiques, médicales.

    Lors d’un poste dans une école, j’avais vu une maîtresse faire des gestes pour apprendre à lire à ses élèves et je m’étais dit qu’un jour moi aussi j’essaierai. J’ai donc dès la première année avec ABRACADALIRE utilisé les gestes de Mme Borrel-Maisonny en complément de la méthode et j’ai du me rendre à l’évidence de l’énorme apport sur les élèves en difficulté. Un petit élève en grosses difficultés (dyslexique, dysorthographique) ne lisait et n’écrivait rien en janvier. Par contre si je lui faisait un mot avec les gestes, il était capable de l’écrire. Cela m’a beaucoup interpellé et j’ai décidé que cela serait la base de ma prochaine méthode. J’ai donc tout axé sur la gestuelle. J’ai pensé devoir donner à chaque élève une porte d’entrée différente dans l’apprentissage de la lecture, sachant qu’il y a des enfants visuels, d’autres auditifs, d’autres kinesthésiques…

    En plus des gestes, les élèves ont le livre des lettres à toucher de balthazar pour un imprégnation physique des graphies simples. Nous faisons aussi toujours les lettres dans l’espace.

    Pour moi, tout doit venir de ce que savent les élèves. J’ai appelé « par fun » ma méthode : méthode phonémique pluri-sensorielle. C'est-à-dire que je pars du son que les élèves doivent repérer dans une comptine. Ils savent tous entendre, il n’y a qu’à leur donner la compréhension, la prise de conscience qu’ils entendent et ils peuvent alors écouter. On cherche alors si on entend de son dans les mots que je propose puis combien de fois on l’entend. On est dans l’ECOUTER.

    Puis, on regarde comment on arrive à produire ce son avec notre appareil phonatoire : comment font les lèvres, la langue, les cordes vocales, où passe l’air…. Les élèves adorent ! Donc, on prend conscience de notre production orale du son à étudier. On répète des mots choisis en faisant chanter longuement le son afin de bien le percevoir dans la chaîne orale et de l’isoler.

    On est dans le PRODUIRE.

    Ensuite je donne le geste qui permet de coder ce son et on s’entraîne à dire/faire.

    Les élèves doivent alors « miner » avec les gestes un mot que je leur propose dont tous les sons sont déjà connus. Sans le savoir, ils sont déjà en train « d’écrire » puisqu’ils segmentent la chaine orale de tous les sons qui composent le mot. Cette étape est primordiale à mon sens car dans ma méthode, on apprend à écrire avant d’apprendre à lire.

    Ensuite, je donne la graphie du son , on l’observe dans les différentes écritures et on l’écrit dans l’espace et sur l’ardoise toujours en produisant oralement le son correspondant.

    Ensuite, on l’associe à des voyelles ou des consonnes connues pour produire des syllabes, on donne quelques exemples de mots qui les contiennent.

    On s’entraine à lire ces syllabes puis avec un petit cahier contenant des étiquettes-lettres on essaie d’écrire des mots en s’appliquant toujours à bien entendre la chaine sonore. Cette étape est très importante car on écrit les mots avant de les lire sur le livre de lecture.

     

    Enfin, on peut lire sur le livre les mots et les phrases.

    ATTENTION, chaque mot lu sur le livre doit être employé par l’élève à l’oral dans une phrase qui permet de mettre le mot en situation et donc d’en vérifier la compréhension puisque lire c’est avant tout se raconter une histoire.

    Lorsque nous lisons des phrases, je laisse un peu de temps à chacun puis je cache la phrase du tableau et je demande « Alors, qu’est-ce que ça raconte » car le but n’est pas de « lire » pour faire du « bruit » mais bien de comprendre. Les élèves peuvent alors répondre sans donner la phrase exacte mais en expliquant ce qu’elle raconte. Ensuite, on lit bien la phrase du tableau.

     

    De la même façon quand on lit le nouveau texte, les élèves se posent des questions sur l’histoire pour en vérifier la compréhension. On cherche les phrases dans lesquelles on peut trouver la réponse à la question à chaque fois ce qui permet de faire des va-et vient sur le texte et d‘affiner

    la compréhension ainsi que d’améliorer le langage car au début, inventer des questions sur le texte n’est pas évident pour tout le monde, mais ça vient : après les questions basiques « Qui … ? » on arrive auw « Pourquoi… ? » « Comment… ? » etc…

     

    A partir de Janvier, les élèves les plus avancés puis progressivement les autres rédigent même leurs questions sur un cahier prévu à cet effet.

      

    Des liens pour s'informer :

    méthode Fransia : http://cerveau-et-lecture.blogspot.fr/

      

    des études scientifiques :

     

    Les mécanismes de la lecture

    M.DEHAENE dissèque tout particulièrement les mécanismes qui permettent de passer de la vision du texte à sa compréhension. Il insiste, à juste titre, sur le premier stade du traitement visuel qui consiste à éclater la chaîne écrite en fragments susceptibles d’être reconnus chacun par un photorécepteur distinct sur le centre de la rétine. Ces signes élémentaires sont ensuite traités en parallèle et recombinés dans les différents niveaux d’intervention du système visuel. L’acquisition de la lecture est ainsi liée à une « capacité d’attention aux détails pertinents » perçus par les récepteurs visuels qui différencient les lettres les unes des autres, mode de traitement qui « ne laisse pratiquement aucun rôle » à la perception de « la forme globale des mots » dans la lecture.

    L’auteur montre ensuite que la compréhension du sens de l’écrit nécessite à la fois la prise de conscience du son que chaque signe (ou groupe de signes) graphique représente ainsi que de la mobilisation des données incluses dans les différents lexiques contenus dans le cerveau, en particulier ceux qui permettent la reconnaissance de la forme orthographique et grammaticale des mots.

    C’est là qu’intervient la région occipito-temporale gauche vers laquelle convergent toutes les informations d’origine visuelle. Mais pourquoi s’attarder, dans cette courte note, sur cette aire précise alors que d’autres régions de l’hémisphère gauche jouent également un rôle très important dans la compréhension du sens de la lecture ? D’abord parce que M.DEHAENE lui accorde, à juste titre, une place fondamentale dans ses travaux. Ensuite, parce que certains ont voulu voir dans cette région du cerveau qui reconnaît « la forme écrite des mots » un argument « scientifique » susceptible de « prouver » l’existence du caractère global de la lecture. M.DEHAENE fournit à cette affirmation erronée une réponse sans ambiguïté : « La reconnaissance visuelle des mots ne repose pas sur une appréhension globale de son contour, mais sur sa décomposition en éléments simples, les lettres et les graphèmes. La région corticale de la forme visuelle des mots traite toutes les lettres du mot en parallèle, ce qui, historiquement est responsable de l’impression de lecture globale…l’immédiateté de la lecture n’est qu’une illusion, suscitée par l’extrême automatisation de ses étapes. »

      

    plus de renseignement : http://noel-2007-note-de-lecture.blogspot.fr/

      

     


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  • Commentaires

    14
    helene
    Vendredi 9 Février 2018 à 04:30

    Bonjour Léo et Léa, 

    Je cherchais des exercices de math et je suis tombé sur votre site. Quelle chance!

    Merci infiniment de tout ce que vous faites. Je reviendrai vers votre site souvent. 

    13
    sol5
    Dimanche 4 Octobre 2015 à 07:43

    Petite remarque : un enfant de CP ne peut pas être dyslexique dysorthographique puisqu'il faut 1,5 à 2 ans d'apprentissage pour que l'on puisse poser le diagnostic.
    Par ailleurs, M. Dehaene a publié l'an dernier (2014) un excellent corrigé de ses premières affirmations : La voie d'adressage et la voie d'assemblage se développent en même temps et se nourrissent l'une de l'autre (ce que montrait Goigoux, au passage).
    Quand à être dans l'écouter pour ensuite lire, cela ne marche effectivement qu'avec des enfants qui peuvent entendre les sons. Ma fille a eu ce type de méthode mais avec une conscience phonémique archi-nulle, a toujours  été incapable d'entendre les sons et d'encoder... Elle est dyslexique phonologique... Heureusement l'autre voie compense et à 15 ans elle ne fait quasi plus de faute d'encodage des sons (c-g notamment).

     

    12
    Dryade
    Dimanche 21 Juillet 2013 à 11:34

    C'est une très bonne présentation, très claire et très intéressante. C'est vraiment très utile. Merci beaucoup ! 

    11
    Vendredi 19 Octobre 2012 à 19:14

    je viens de découvrir ton article

    tres interessant

    je fonctionne aussi comme ça avec mes cp : découverte du son dans une comptine, repérage oral, prononciation , geste BM puis recherche de la graphie dans les prénoms

    j'utilise beaucoup les gestes : pour l'écriture sous la dictée, pour la lecture de syllabes, de mots,

    cela fait la 15eme année que j'utilise cette méthode, elle aide vraiment les élèves

    10
    Mardi 14 Août 2012 à 10:25

    Je pratique à quelque chose près de cette façon aussi et la production me parle d'autant plus qu'en tant que maman, j'ai eu la surprise de voir que ma fille avait appris à lire "à mon insue" en écrivant.

    Merci pour cette présentation claire!

    9
    holly
    Jeudi 13 Octobre 2011 à 14:43

    bonjour, j'ai ma petite puce qui vient de rentrée au CP et pour l'apprentissage de la lecture il vont apprendre avec la methode borrel-maisonny et la classique il font les 2 méthodes et je trouve cela génial car quand il on du mal avec la classique il peuvent se reporter sur l'autre bonne journée

    8
    Vendredi 7 Octobre 2011 à 17:45

    ok merci

     

    7
    cpcel Profil de cpcel
    Vendredi 7 Octobre 2011 à 07:10

    Oui.


    La première année, j'avais commencé à fabriquer les premières lettres en les découpant dans du papier verre avec le modèle acheté aux ateliers Montessori.


    Puis j'avais demandé à des parents de m'aider pour les suivantes en les informant qu'il existait un livre tout prêt.


    La plupart des parents ont donc préféré acheter eux-même le livre. En fin d'année, quelques-une ont proposé de le céder à l'école, j'ai informé tous les parents de cette possibilité et ils l'ont presque tous fait. Du coup, il ne m'a plus resté qu'à en acheter 5 ou 6 pour l'année suivante.


     

    6
    Jeudi 6 Octobre 2011 à 17:44

    Dis-moi en ce qui concerne le livre des lettres à toucher tu en as un par élève ?

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    5
    cpcel Profil de cpcel
    Jeudi 6 Octobre 2011 à 07:11

    Merci, c'est encourageant de savoir que d'autres ont la même pratique et en sont contents.


    Bonne année scolaire !

    4
    Mercredi 5 Octobre 2011 à 20:59

    Je te lis...et j'ai l'impression que c'est moi qui ai écrit le texte! Je me retrouve totalement dans ce que tu décris.

    Je fais exactement la même démarche: on écoute, on produit, on cherche le geste corporel, puis je leur présente le geste BM et les graphies.

    Tous les enfants adhèrent, tous les enfants comprennent et entrent dans la combinatoire et dans la recherche du sens. Et je n'ai pas d'échec en lecture.

    Merci d'avoir été aussi claire!

    3
    sanleane Profil de sanleane
    Mardi 23 Août 2011 à 10:47

    Très intéressant, merci d'avoir si bien et si simplement explicité ta démarche.

     

    2
    Samedi 20 Août 2011 à 17:05

    C'est très intéressant, merci de ces explications qui vont m'aider dans ma pratique de classe 

    1
    Samedi 20 Août 2011 à 08:07

    je comprends maintenant l'utilité des gestes. Ta remarque sur le lire avant de savoir écrire, je l'ai trouvé il y a quelques temps sur un blog d'une maman qui fait l'école à la maison. Sa fille avait commencé par encoder alors qu'elle ne déchiffrait pas.

    Mais finalement je pense que c'est logique puisque l'on part dans cette démarche (que j'ai aussi) de ce que l'on entend.

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